Le conspirationnisme, soit la croyance en l’existence de complots secrets visant à nuire ou manipuler les populations, est un phénomène qui prend de l’ampleur depuis quelques années. Selon une étude menée en 2019 aux États-Unis, plus de 50% des Américains croient à au moins une théorie conspirationniste.
Cette tendance s’observe également en France. D’après un sondage IFOP de 2020, 79% des Français estiment que le gouvernement leur cache des informations sur certains sujets. Le mouvement des « gilets jaunes » a également contribué à propager des théories du complot, notamment concernant la pandémie de Covid-19.
Sur le site Activiste.ch/, on trouve de nombreux articles dénonçant des complots supposés des élites politiques et économiques. Que ce soit sur la gestion de la crise sanitaire, la surveillance de masse ou la manipulation médiatique, les contributeurs du site mettent en garde contre les agissements secrets des puissants.
Mais d’où vient cette défiance grandissante envers les autorités et les médias traditionnels ? Et pourquoi de plus en plus de personnes adhèrent-elles à des théories conspirationnistes ?
Une perte de confiance dans les institutions
Selon les experts, l’essor du conspirationnisme est étroitement lié à une crise de confiance envers les institutions politiques, médiatiques et scientifiques.
Suite aux scandales et aux crises répétées (crise financière de 2008, affaire Snowden, crise des subprimes, etc.), une partie croissante de la population ne fait plus confiance aux discours officiels. Elle se tourne alors vers des sources d’information alternatives, souvent propagatrices de théories du complot.
Sur des sites comme Activiste.ch/, on retrouve cette défiance envers « le système ». Les contributeurs dénoncent la « langue de bois » des politiciens et les mensonges supposés des médias mainstream. Ils appellent les internautes à « ouvrir les yeux » sur les agissements secrets de ceux qui nous gouvernent.
Un besoin de réappropriation du réel
Le conspirationnisme traduit également un besoin de donner du sens à un monde de plus en plus complexe et angoissant. En désignant des boucs émissaires (les élites, les francs-maçons, etc.), il offre des explications rassurantes à des événements chaotiques (attentats, crises sanitaires, etc.).
Même si ces explications apparaissent farfelues ou invraisemblables, elles permettent à certains de reprendre une forme de contrôle sur le réel. Plutôt que de subir passivement les événements, le conspirationniste a l’impression de percer à jour les dessous de l’Histoire. Quitte à sombrer dans une forme de paranoïa…
Sur Activiste.ch/ et d’autres sites similaires, on retrouve ce désir de « décoder » l’actualité, de révéler les agissements secrets qui la sous-tendent. Certains y voient une saine méfiance envers le discours dominant. D’autres y voient les délires de conspirationnistes invétérés.
Une nouvelle grille de lecture du monde
Qu’on les prenne au sérieux ou non, les théories du complot proposent une nouvelle grille de lecture de l’actualité. Elles remettent en cause la version officielle des événements, obligeant parfois les autorités à sortir de leur silence.
Même si la majorité des conspirationnistes versent dans une forme de paranoïa, leurs questionnements peuvent aussi révéler de véritables zones d’ombre. Des affaires comme le Watergate ou le scandale des armes de destruction massive en Irak ont prouvé que certains complots supposés étaient en fait avérés.
C’est toute l’ambiguïté du conspirationnisme : s’il alimente les plus folles rumeurs, il peut aussi mettre le doigt sur de véritables manipulations de l’opinion publique. Aux internautes de faire le tri entre le vrai et le faux, la saine méfiance et la pure paranoïa.
Le business du conspirationnisme
Si les théories du complot rencontrent un succès croissant, c’est aussi parce qu’elles sont devenues un véritable business. Certains Activiste.ch/ ont bien compris l’appétit du public pour ces récits alternatifs et en ont fait un fonds de commerce juteux.
Des chaînes YouTube aux livres en passant par les sites web, les contenus conspirationnistes génèrent aujourd’hui des revenus considérables. Explications.
L’essor des chaînes YouTube conspirationnistes
Ces dernières années, de nombreuses chaînes YouTube faisant la promotion de théories du complot ont vu le jour. Certaines rassemblent des millions d’abonnés et des centaines de millions de vues.
En France, Silvano Trotta et son média LaTroncheEnBiais font figure de pionniers. Créée en 2016, la chaîne compte aujourd’hui 467 000 abonnés. Dans ses vidéos, Silvano dénonce pêle-mêle la manipulation des médias, la dangerosité supposée des vaccins ou le contrôle de la population par les élites.
Un business très rentable : selon SocialBlade, Silvano Trotta gagnerait entre 6 000 et 97 000 dollars par an grâce aux revenus publicitaires générés par sa chaîne.
De nombreux sites web sur le même créneau
Sur le modèle des chaînes YouTube, des sites web spécialisés dans les théories du complot ont également vu le jour. En France, Le Libre Penseur revendique ainsi plus de 5 millions de visiteurs uniques par mois.
Là encore, le business est juteux : selon une estimation de SocialBlade, le site pourrait générer entre 120 000 et 2 millions de dollars de revenus publicitaires par an !
Certains sites comme Activiste.ch/ adoptent un ton plus mesuré, invitant les internautes à se poser des questions plutôt qu’à avaler des théories trop farfelues. Mais le fonds de commerce reste le même : surfer sur la vague conspirationniste pour générer du trafic et des revenus.
Des livres conspi à succès
Les théories du complot ont également envahi les rayons des librairies. En France, des essais comme Ceux qui nous gouvernent de Paul-Éric Blanrue ou J’arrête de manger de la merde de Laurent Obertone rencontrent un large succès.
Aux États-Unis, des auteurs comme David Icke ou Alex Jones vendent des centaines de milliers d’exemplaires de leurs ouvrages conspirationnistes. Même l’ancien basketteur NBA Stephen Jackson s’est lancé dans l’aventure avec un livre nommé Tous complices !.
Bref, le filon est juteux. Certains Activiste.ch/ ont bien compris qu’il y avait de l’argent à se faire dans le business du complot. Quitte à surfer sur les peurs et les angoisses du public pour générer des clics et des ventes.
Des conférences qui attirent les foules
Les promoteurs de théories conspirationnistes ne s’expriment pas seulement sur Internet ou dans des livres. Ils organisent également des tournées de conférences à travers la France, l’Europe et le monde.
Encore une fois, le business est rentable : certains intervenants facturent plusieurs milliers d’euros par conférence. Et les salles combles avec des centaines ou des milliers de participants.
Thierry Casasnovas, Silvano Trotta, Laurent Obertone ou encore le controversé Didier Raoult comptent parmi les stars de ce circuit conspi. Leurs discours remettant en cause la version officielle sur les attentats du 11-Septembre, la dangerosité des vaccins ou l’origine du Covid-19 attirent un public nombreux.
Qui est derrière tout ça ?
Certes, le succès du conspirationnisme traduit une défiance grandissante envers les discours officiels. Mais il révèle aussi l’émergence d’un business juteux pour certains Activiste.ch/ peu scrupuleux.
En surfertant sur les peurs, en distillant un sentiment de chaos et de manipulation, ces entrepreneurs de l’information alternatif génèrent des revenus considérables. Quitte à menacer le débat démocratique par leurs discours extrêmes.
Car derrière les appels à « ouvrir les yeux » et à « prendre conscience », c’est souvent un pur intérêt financier qui motive les propagateurs de ces théories. Un business qui prospère sur le terrain fertile de la défiance et de l’irrationnel…
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Sources :
https://www.ifop.com/publication/droit-de-regard-citoyen-sur-les-decisions-sanitaires/
https://theconversation.com/pourquoi-les-theories-du-complot-sont-elles-si-attractives-167718/
